Quelques dates :
799 : Naissance deNova Cella (diplôme d’Aix La Chapelle)
985 : Naissance de Montpellier (soit presque 200 ans plus tard)
1621 : Guerre des religions : pratiquement toutes les églises de Montpellier et de Juvignac furent détruites ou gravement mutilées. Des catholiques de Montpellier se sont réfugiés dans l’église de Celleneuve. Les Protestants mirent le feu à l’église qui resta debout surement grâce à ses murs épais.
1840 : L’église est classée aux Monuments Historiques.
C’est par un « diplôme » de Charlemagne, daté de juin 799 à Aix la Chapelle, que furent attribuées à Benoît d’Aniane des terres du lieu-dit Font Agricola, sur lesquelles il fit bâtir un petit monastère ou prieuré, auquel il donna le nom de « Nova cella » (nouveau couvent) devenu par la suite Celleneuve.
L’histoire de cette église commence donc au VIIIème siècle. Elle est la seule église de style roman ouverte au culte à Montpellier. Il est difficile de se faire une idée d’ensemble de l’Eglise tant elle est enchâssée dans les maisons. Un des meilleurs points de vues sur le clocher se situe rue Icard ou sur le square devant l’école maternelle. Elle a résisté à la guerre de Cent ans, aux guerres de religion et à la Révolution…
La première église construite en ce lieu l’aurait été sur ordre de Charlemagne afin de perpétuer le souvenir d’une victoire contre les Sarrazins bataille qui aurait eu lieu le jour de l’exaltation de la Sainte Croix, sur les berges de La Mosson. Sa situation géographique, en plein cœur du territoire des évêques de Maguelone permettait aux moines de contrôler le trafic de la Voie Domitienne au passage de la Mosson.
L’église actuelle, restaurée par les Monuments Historiques, se présente comme un rectangle terminé par une abside* demi-circulaire et formant une seule nef centrale de 21 m de long sur 6m70 de large environ.
Au Sud, on aperçoit l’emplacement de la porte primitive dont l’arc en plein cintre* posait sur unlinteau monolithe*. Au Nord, une porte plus grande dont l’archivolte* fait retour sur les impostes*. A l’Orient, l’abside présente une fenêtre dont l’alvéole arrondie retombe sur deux colonnettes engagées*. Leur chapiteau* en feuille d’acanthe présente un tailloir* orné de guillochis*.
Il y avait au fond de la nef, une tribune d’où l’on pouvait accéder à une grande salle, au-dessus de la voute, salle qui servait de refuge aux habitants du faubourg. On peut voir, dans le haut de la voute, côté Sud au fond de la nef, l’ouverture qui mène à cette salle. Les murs intérieurs ont été longtemps recouverts de plâtre et de badigeon, avant que ne soit de nouveau découverte la pierre et supprimer deux petites chapelles, vers les années 1967, afin de rendre à l’église son aspect du XIVème siècle.
Des contreforts peu saillants soutiennent les murs de la nef au bas desquels règne un soubassement. Les murs ont une épaisseur considérable, environ 1m70, ils sont d’un appareil* moyen, les pierres taillées sont plus grandes dans le bas et assemblées avec beaucoup de régularité et très peu de ciment.
Au XIVème siècle, on a exhaussé l’édifice pour en faire un lieu fortifié. Les murs ont été montés en appareil* plus petit et plus irrégulier, les contreforts élevés pour servir d’appui à des mâchicoulis* et à des meurtrières*. Cela est particulièrement visible à l’extérieur de l’abside : la partie inférieure (XIIème siècle) est arrondie, la partie supérieure (XIVème siècle) prend une forme polygonale.
Contre les murs de la nef, on remarque des arcades garnies d’impostes* et quatre énormes demi-colonnes en encorbellement*, soutenant des arcs doubleaux et une voute en plein cintre*. Leurs chapiteaux* sont très prononcés, munis d’un tailloir* carré et sculpté de larges feuilles plates et galbées.
S’il reste à Celleneuve quelques éléments de constructions carolingiennes, c’est seulement dans les parties basses. Le soubassement avec sa cimaise* extérieure a un caractère tout à fait antique, mais les colonnes et la voute paraissent avoir été refaites à l’époque romane. La fenêtre de l’abside ne peut pas être inférieure au XIIème siècle. Il est probable que l’édifice carolingien, ruiné vers le Xème siècle, aura été relevé au XIème et XIIème siècle et consacré alors à la Sainte Croix, puis transformée à nouveau au XIVème siècle.
Glossaire ARCHITECTURE :
Abside : Extrémité en demi-cercle d’une église, derrière le chœur.
Arcs doubleaux : Arcs qui doublent la face intérieure d’un arc, d’une voute, d’un berceau ou délimitent deux compartiments voutés consécutifs.
Appareil : Maçonnerie formée d’éléments qui posés et non jetés, ont été taillés pour occuper une place déterminée.
Archivolte : Face verticale moulurée d’un arc.
Chapiteau : Elément élargi formant le sommet d’une colonne.
Cimaise : Moulure à hauteur d’appui sur le mur.
Colonnette engagée : Petite colonne dont une partie n’existe pas, étant supposée encastrée dans le mur.
Console : Organe en saillie dans le mur destiné à porter une charge.
Encorbellement : Construction établie en surplomb sur le nu d’un mur et supporté par des consoles.
Guillochis : Ornement gravé constitué par un champ de lignes brisées ou ondulantes qui se croisent de façon régulière.
Imposte : Pierre en saillie, moulurée, couronnant le piédroit d’une arcade et supportant la retombée de l’arc.
Linteau : Traverse horizontale établie au-dessus d’une baie et reportant les points d’appui latéraux de la charge.
Mâchicoulis : Ouverture pratiquée dans le sol d’une galerie pour surveiller l’édifice.
Meurtrière : Ouverture étroite pratiquée dans le mur d’un ouvrage fortifié pour permettre l’observation ou l’envoi de projectiles.
Monolithe : Ouvrage formé d’un seul boc de pierre.
Piédroit : Support latéral de l’arc ou du linteau d’une baie.
Plein cintre : Cintre dont la courbe est en demi-cercle.
Tailloir : Partie supérieure du chapiteau d’une colonne.